Tableau noir : Percy « Speedy » Harvin

Son début de saison fait de lui un potentiel MVP s’il tient le rythme. Explosif et polyvalent, Percy Harvin est l’atout numéro 1 d’une équipe de Minnesota qui ira en...

Son début de saison fait de lui un potentiel MVP s’il tient le rythme. Explosif et polyvalent, Percy Harvin est l’atout numéro 1 d’une équipe de Minnesota qui ira en 2012 aussi loin que lui permettra son quarterback, Christian Ponder. Mais avec un joueur aussi complet, les Vikings savent que seule leur créativité pourra limiter le rendement du duo Ponder-Harvin. Analyse en trois temps… Merci à Pro Football Focus pour le texte et les images.

Titans @ Vikings – 2ème quart-temps, 3:46 à jouer. « Passe rapide dans l’espace ».

On entend souvent parler de ces receveurs qui ont besoin de recevoir le ballon dans un espace pour pouvoir accélérer et déchirer la défense adverse. C’est beaucoup plus simple à dire qu’à faire, car « fabriquer » cet espace en NFL, face à des défenses rapides et réactives, est tout sauf évident. La méthode la plus courante consiste à trouver ce receveur sur une passe écran, dans une « bulle », généralement dans la zone courte extérieure. Les variations sont nombreuses, mais elles sont si classiques qu’elles revêtent peu d’intérêts pour le Tableau noir.

Percy Harvin est souvent ciblé sur ces passes écrans, mais elles ne sont pas le seul moyen de le mettre en orbite. Avec seulement un yard ou deux d’espace, Harvin est l’un des rares joueurs à pouvoir mettre à l’amende une défense entière, car il recherche systématiquement l’espace qui lui permet d’atteindre sa vitesse maximale le plus rapidement possible, là ou d’autres joueurs hésitent et sortent des moves à droite ou à gauche pour esquiver les défenseurs.


Les Vikings alignent Harvin à gauche, dans l’intervalle, avant de le déplacer en motion vers la droite, pour tester la couverture des Titans. Personne ne bouge en défense ? Cela veut dire que Tennessee joue la zone. Percy Harvin doit alors se poser rapidement dans une zone à 5 yards de la ligne de scrimmage, entre le linebacker et le cornerback. Christian Ponder joue bien le coup en gardant ses yeux fixés sur le milieu du terrain tout en reculant. Et dès que ses pieds son plantés en fin de mouvement, il tire directement sur Harvin.

Percy Harvin a maintenant le ballon à quatre ou cinq yards de la ligne. Il est dos à l’endzone adverse, avec deux défenseurs aux trousses. C’est là qu’il est le plus dangereux, car en un seul et unique mouvement, il efface le linebacker Akeem Ayers tout en se mettant dans le sens de la marche. Et il tire le CB Jason McCourty avec lui pour un petit gain supplémentaire, qui octroie à Minnesota la première tentative. Ce genre de jeu est devenu un standard pour les Vikings 2012, et c’est tout sauf un hasard si Harvin domine ses homologues receveurs en yards gagnés après réception.

Titans @ Vikings – 1er quart-temps, 2:35 à jouer. « Harvin le running back ».

Ce qui arrive à Harvin en NFL est de plus en plus courant. Plutôt que de s’acharner à incorporer un formidable athlète dans un système donné, mieux vaut prendre dans le système de son équipe universitaire ce qui a fait de lui un joueur hors norme.

En Floride, Harvin pouvait aussi bien jouer coureur que receveur, alors les Vikings lui ont donné quelques portés. Sans trop forcer non plus, pour ne pas l’abîmer, mais juste ce qu’il faut pour changer le tempo d’un match, et inquiéter les défenses. Ce que Minnesota fait sur ce jeu est vraiment malin, et pas très compliqué.

Les Vikes sortent de leur huddle avec trois receveurs (dont Harvin bien sûr), un tight end, et un seul running back (Tobby Gerhart). Les Titans s’attendent donc à une sorte de formation de passe à quatre cibles, et optent pour une défense en nickel, qui consiste à sortir un linebacker et à le remplacer par un defensive back. Minnesota présente sans surprise un bunch (trois receveurs très proches, presque entassés, d’un côté de la ligne). Le hic, c’est que Tobby Gerhart est dans ce bunch, et que Percy Harvin a pris sa place de running back aux côtés de Ponder.


Ils ont tout simplement schématisé la sortie d’un linebacker, pour permettre à Harvin d’être en un contre un face à un défensive back. Placé en shotgun, Ponder prend le snap et transmet à son receveur star, qui fait le reste. Et Tennessee joue plutôt bien le coup, puisque SenDerrick Marks (placé en face du centre), parvient à bouger son vis-à-vis John Sullivan pour perturber la ligne de course, et faire manquer son bloc au guard droit, Brandon Fusco. Mais Harvin est trop vif pour s’en préoccuper. Une fois la ligne de scrimmage passée, il élimine sans problème le linebacker du milieu, avant de foncer au milieu de deux placages et de marquer.

Harvin n’est pas un joueur imposant physiquement. Mais son accélération et sa robustesse en font une arme redoutable lorsque le ballon est entre ses mains, car même sur une course, les défenseurs qui imaginent couper du petit bois face à un receveur doivent se méfier : il ne tombe pas si facilement.

Titans @ Vikings – 1er quart-temps, 4:57 à jouer. « La bombe ».

Curieusement, les Vikings ne pensent pas avoir de réelle menace en profondeur, et se relient en général assez peu à ce type de jeu. Ponder est le pire QB titulaire de la ligue lorsqu’il s’agit de mesurer la longueur des passes tentées, avec un tout petit 6.3 yards. Tout cela tient à la volonté de générer des espaces pour Harvin, mais il paraît assez clair que les Vikes sont peu disposés à envoyer leurs receveurs en profondeur. Quand Jerome Simpson est revenu de suspension, ils l’ont alerté trois fois de la sorte, sans qu’il ne soit ouvert une seule fois. Le receveur a eu du bol de récupérer des fautes défensives pour avancer, mais quoi qu’il en soit, Minnesota n’a absolument pas confiance en son corps de receveurs pour trancher dans la longueur.

Le truc, c’est que leur meilleure arme en profondeur est la même que dans tous les autres zones : Percy Harvin. Mais Minnesota profite peu de sa rare capacité d’accélération, avec laquelle peu de défenses peuvent rivaliser.


C’est pourtant aussi simple que sur cet exemple. Minnesota aligne trois receveurs écartés avec Harvin au large à gauche. Le nombre incalculables de passes écrans qui filent dans sa direction aident clairement sa cause sur ce jeu, car cela peut fixer le défenseur un quart de seconde pour permettre au receveur de filer. Mais dans ce cas là, pas besoin, car Harvin efface directement Alterraun Verner, son cornerback pourtant pas manche en couverture homme à homme. Harvin est au coude à coude quand le ballon quitte les mains de Ponder. Et lorsqu’il arrive, Harvin a presque un yard d’avance sur son adversaire.


La vitesse de Percy Harvin est presque suffisante pour définitivement larguer Verner. Ce dernier s’accroche aux branches avec abnégation, mais il lui faut bien 15-20 yards et l’aide se son safety pour finir par pousser Harvin hors du terrain. Les Vikes tentent peu se genre de passes, parce que des receveurs comme Michael Jenkins ou Devin Aromashadu se démarquent trop rarement dans ces occasions. Tout l’inverse de Percy Harvin, qui peut y parvenir facilement.

Jusque là, l’attaque des Vikes a été assez astucieuse et créative pour créer et offrir des opportunités à Percy Harvin. Mais le domaine des passes en profondeur, dans la longueur du terrain, reste encore à explorer davantage, car l’addition d’une menace pareille ferait de cette escouade l’une des toutes meilleures de la ligue. Avec Percy Harvin, Minnesota dispose d’un joueur qui est aussi difficile à couvrir en zone courte, que sur de longues passes en profondeur. C’est un luxe.

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