[Histoire] Le Super Bowl XXXIV : « The 1 yard Super Bowl »

Après les histoires des équipes l’an dernier, la rubrique histoire de Touchdown Actu évolue. Cette saison, tous les samedi soir, un sera consacré à un grand moment ou à un...

Après les histoires des équipes l’an dernier, la rubrique histoire de Touchdown Actu évolue. Cette saison, tous les samedi soir, un sera consacré à un grand moment ou à un grand personnage de l’histoire de la ligue.

Quand on se remémore le 34e Superbowl, joué le 20 janvier 2000, entre les Rams et les Titans, on se dit que c’est surement l’apothéose de la sucess story à l’américaine.

Quelle fin appropriée pour cette équipe constituée d’éléments « non désirés » en NFL ? Kurt Warner, le quarterback passé par la mise en rayon en supermarché et la NFL Europe. Le receveur Isaac Bruce, plus habitué aux blessures des ischio-jambiers qu’aux victoires. Et le coach Dick Vermeil, revenu à Saint Louis deux ans plus tôt après plus de 20 années sans diriger une équipe..

Steve McNair a tout tenté pour faire gagner son équipe.

Steve McNair a tout tenté pour faire gagner son équipe.

Puis il y a ce match, ce Super Bowl exceptionnel. Dans un match très serré, le score est de 16 à 16, il reste 1 minute 54 à jouer et Kurt Warner a la balle et son destin en main. Il devient alors l’un des héros du Super Bowl en lançant une passe miraculeuse de 73 yards pour Isaac Bruce. Touchdown !!

« The Final Play »

A l’instar du Superbowl 2008 avec la réception du casque ou celui de 1990 avec le drive de Joe Montana, celui de 2000 rentre dans la légende grâce à une action d’anthologie. Mais cette fois du côté de la défense.

Tout commence avec un numéro d’équilibriste de Steve McNair, le quarterback des Titans, qui réussit à éviter le sack de justesse après avoir tourné plusieurs fois dans sa poche de protection, et à lancer une passe chancelante pour son receveur sur les 10 yards des Rams. Il demande dans la foulée le dernier temps-mort qu’il lui reste. L’horloge indique qu’il reste seulement six secondes à jouer.

Tout le stade pense alors que les Titans peuvent et vont aller chercher ce touchdown de l’égalisation.
Les Titans élaborent alors un plan de jeu dit « sécurisé » : le tight-end Frank Wycheck va vers l’extérieur sur le côté droit pour attirer Mike Jones, le linebacker des Rams, loin du receveur Kevin Dyson. Avec Jones marquant Wycheck, McNair a le champ libre pour délivrer une passe millimétrée à Dyson, qui est ouvert aux 5 yards pour aller en terre promise.

Le jeu se passe exactement comme prévu pour les Titans jusqu’à ce que Mike Jones comprenne que c’est une feinte. Il change alors sa course et revient vers l’intérieur du terrain pour plaquer Dyson sur les 2 yards. Lorsque le genou de Dyson touche le gazon, la balle n’a pas franchi la ligne d’en-but. Il tend alors son bras et atteint la ligne mais il est déjà trop tard.

Filmé par NFL Films, après l’action finale, Frank Wycheck (sur un genou) et Kevin Dyson (penché sur les mains sur les genoux) sont à l’intérieur de la zone d’en-but, complètement épuisés par les efforts qu’ils viennent de fournir. Les autres joueurs des Titans regardent avec une certaine incrédulité la balle sur la ligne de touchdown ainsi que l’arbitre qui montre la ligne des 1 yard.

Des commentaires entrés dans la légende

A l’époque, le match est diffusé sur ABC et le journaliste Al Michaels commente l’action :

« La balle est réceptionnée par Dyson, peut-il y arriver ? NON, IL NE PEUT PAS ! Mike Jones fait le plaquage pour l’arrêter… et les Rams remportent le Super Bowl! »

« Mike Jones, le linebacker : il est le gars qui était capable de plaquer Dyson avant qu’il ait franchi la ligne », raconte le journaliste après le match.

Michaels rend ainsi hommage à un des héros du Superbowl sans qui les Rams ne seraient peut-être pas titrés aujourd’hui.

ABC n’est pas le seul média à retransmettre le match à l’époque. Dans le Missouri, c’est Mike Bush, l’animateur radio, qui s’en charge :

«McNair se recule pour lancer. Kevin Dyson est libre, il atteint de la ligne. Non ! Il tombe avant. Le temps est écoulé, c’est terminé. »

Dans le Tennessee, une autre ambiance regne :

«McNair lance à droite pour Dyson. Il plonge dans la zone d’en-but ! […] Il est trop court, les Rams gagnent avec pour un yard ! »

Un conte de fée

Kurt Warner a été la belle histoire de la saison 1999-2000.

Kurt Warner a été la belle histoire de la saison 1999-2000.

Chez les joueurs, la joie est forcément immense. La plus marquante est surement celle de Kurt Warner qui décrit ce Super Bowl comme « la fin heureuse d’un conte de fée » pour un joueur qui a enchainé les désillusions dans sa vie professionnelle :

«  Quand vous pensez où j’étais et où je suis maintenant, c’est absolument incroyable. »

Au début de la saison, Kurt Warner était un inconnu. La blessure du titulaire Trent Green l’a propulsé sur le devant de la scène. Il a saisi l’opportunité pour devenir MVP de la saison régulière et du Super Bowl, avec notamment plus de 400 yards lancés dans le Big Game. Vermeil est plus sobre :

« Maintenant, je me sens tellement bien et tellement fier de cette équipe et de l’organisation »

À un certain moment Vermeil était détesté par ses joueurs pour ses pratiques d’entrainements brutales. Mais en adoucissant sa démarche vers une discipline moins sévère, il a gagné leur respect et leur confiance. Après la remise du trophée de MVP à son quarterback, Vermeil assure aussi que Warner est un Joe Montana 2.0.

L’héritage historique de ce Superbowl

Avec le recul, compte tenu de la pression du Super Bowl et de l’agitation médiatique et sportif qui l’a précédé, avec le « buzz » du premier Super Bowl du millénaire, ce match est considéré à ce jour comme l’un des Super Bowls les plus excitants et les plus fous joués dans l’Histoire moderne de la National Football League.

L’image de Dyson, le receveur des Titans, qui s’étend avec le ballon vers la ligne d’en-but avec Jones enroulé autour de lui est devenue un moment incontournable dans les « highlights » de la NFL et dans les films historiques de la ligue ou des Rams.

En 2007, ESPN.com a classé le plaquage de Mike Jones comme le 35e plus grand moment du sport américain de ces 25 dernières années, et le deuxième plus grand moment dans l’histoire du Super Bowl.

Les anecdotes
– Jeff Fisher, aujourd’hui coach des Rams, était le coach des Titans lors de ce Super Bowl.
– Lors de la course à la présidence américaine en 2000, opposant Al Gore à George W.Bush, Al Gore était annoncé comme un Tennessean qui ne serait pas « court d’un yard » .Ironiquement, Gore a perdu la course à George W. Bush par une marge extrêmement mince en Floride.

La vidéo du drive des Titans

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